Mais organiser et développer un territoire n’est pas une spécialité nouvelle. Depuis qu’il a quitté son Afrique ancestrale, l’homo sapiens a été en démarche constante de mise en valeur de son espace occupé. Forts de leurs continuelles observations et fines analyses, les académiciens des 19e, 20e et 21e siècles en un fait une discipline de synthèse des composantes naturelles et humaines de l’aire habitée. À l’instar de nombre d’institutions d’enseignement supérieur sur la planète, la majorité des universités québécoises s’est dotée de groupes, centres, chaires, laboratoires, observatoires et autres consortiums qui passent l’évolution des collectivités locales et régionales au « peigne fin » et en dégagent des théories constructivistes. En clair, qu’elle est la recette de la réussite sociale et économique d’un village, d’une ville, d’une région?
De cette multitude d’instances intellectuelles qui notent,
observent et dissèquent nos agir collectifs, retenons-en deux et leur distingué
et infatigable chercheur (et trouveur): le CEFRIO (Centre francophone
d’information des organisations / UdeS) et le CRISES (Centre de recherches sur
les innovations sociales / UQAM); pour le premier : Paul Prévost, pour le
second : Juan Luis Klein. Des
volumineuses documentations émanant des ces érudits du développement local, et
pour simplifier, retenons du prof sherbrookois le schéma ci-après.
Sur un espace donné, seul le territoire, à moins de circonstances exceptionnelles, est
« figé ». Les autres éléments
qui en composent l’œkoumène (espace occupé) : population, appareil
décisionnel, appareil productif,
culture, organisation sociale, sont dynamiques, bougent et
interagissent. Et c’est l’harmonisation,
voire la synchronisation, de ces éléments, à l’enseigne de l’information et de la concertation, sous un leadership mobilisateur et visionnaire,
qui résultent en une prise en charge endogène des potentiels de développement
social, économique et culturel. Des gens
informés, bien enracinés dans leur milieu, réunis sous une gouvernance
rassembleuse, mettront de l’avant des structures et des projets tout aussi
enracinés dans la collectivité. Des
municipalités de la Beauce, à la prospérité bien démontrée, présentent ce
schéma… d’entrepreneuriat collectif.
Pour l’observateur et analyste « uqamien », une
société réflexive et innovatrice – le cas maintenant
classique : Saint-Camille – est organisée
(les structures locales), ouverte
(perméable aux nouvelles idées), réseautée
(local, régional et national), travaille
avec son histoire (temporalité), est créative
face aux défis, s’arrime aux capacités
d’investissement ($) locales de même qu’aux politiques (programmes)
publiques (locales, régionales et nationales), sait adopter des attitudes collectives conformes à
l’atteinte de ses ambitions. La culture, au sens de l’expression
artistique, exerce un rôle central à cette mobilisation, elle canalise les
nouvelles aspirations vers le « bien vivre » et place la vie (le
milieu de vie) au centre des actions de développement; la culture est un
puissant « ciment social ». Ce
faisant, l’engagement citoyen est
soutenu, inclusif (solidaire) et
créatif; il génère des idées fortes.
Des belles théories d’intellos tout ça!
Enlever vos œillères et vos bouchons d‘oreille, s'il en est; parmi les quelque 80
municipalités de l’Estrie, il en existe qui vivent ce cheminement… fonctionnel
adapté aux particularismes de leur environnement naturel et de leur
collectivité humaine.
Concernant le présent bloggeur, le développement local s’inscrit
dans une quadrature encadrant la démarche implicite aux orientations stratégiques
lucidement établies par la communauté et adoptées par le palier politique local. Ainsi, une volonté populaire manifeste, des apports techniques crédibles, des supports financiers adéquats et une volonté politique clairement énoncée, le tout retenu par des liens
fonctionnels constants, sont garants de visions et d’actions structurantes bien
attachées aux réalités et potentiels locaux.
Il fut un temps où les élites locales, pour un trop grand
nombre, n’en avaient que pour la grosse shop
multinationale et la station de ski de classe mondiale. Combien de petits maires ont salivé à l’idée
d’un motel industriel portant leur nom… avec un trait-d’union! La mondialisation aura finalement démontré
que le local, ville ou village, est le seul maître de son destin.